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— J’ai vu trois de ces cache-poussière tout à l’heure, ils attendaient un train. Il y avait trois hommes à l’intérieur des cache-poussière…

— Alors ?

— A l’intérieur des hommes, il y avait trois balles.

L’homme à l’harmonica (Charles Bronson) dans Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, 1968

Les dialogues dans le roman

« – Tu sais ce qui ne va pas chez toi ? dit la vieille femme, en regardant Georges de ses petits yeux brillants de méchanceté. Tu grandis trop vite. Les garçons qui grandissent trop vite deviennent stupides et paresseux.

– Mais je n’y peux rien, Grandma, réplique Georges.

– Si, tu peux, coupa-t-elle. Grandir est une sale manie des enfants. »

Roald Dahl La Potion magique de Georges Bouillon

Définition du dialogue

C’est un échange de paroles, un entretien entre deux ou plusieurs personnes appelées interlocuteurs (en grec « dia » et « logos » : « entre » et « parole »).

Le dialogue est l’ensemble des paroles qu’échangent des personnages, c’est la manière dont l’auteur fait parler directement le personnage.

La tirade du nez

La ponctuation dans le dialogue

Guillemet français : « … » et non pas les guillemets anglais (les pattes de lapin »… »)

Le guillemet va ouvrir chaque dialogue, mais sera remplacé par un tiret durant les répliques suivantes. Un nouveau guillemet viendra fermer le dialogue, comme ceci :

« Yo ! Comment vas-tu ? [Début du dialogue : j’ouvre les guillemets]

— Je vais super bien, yo ! [Première réplique : j’utilise le tiret]

— Cool, yo ! » [Deuxième et dernière réplique, introduite par un tiret. Fin du dialogue : je ferme les guillemets]

A noter : on utiliser le (—) qu’on appelle en typographie le tiret cadratin en faisant Alt+ctr+ – du pavé numérique (et non pas le tiret du 6 comme souvent).

Les incises : lart de les utiliser. Ou pas !

Dire, répondre. Utilisables mais avec parcimonie.

Affirmer. Questionner. Répliquer. Nier. Ajouter. Interroger. Prier. Riposter. Protester. Rétorquer. Exclamer. S’étonner. S’écrier. Chuchoter. Grogner. Certifier. Assurer. Juger. Conseiller. Ordonner. Proposer. Promettre.

Une incise ne commence PAS par une majuscule, même quand elle suit un point d’exclamation ou d’interrogation, contrairement à ce qu’affirme la correction orthographique de Word (attention, parfois la correction automatique de Word vous rajoute une majuscule en douce !).

L’enchaînement des répliques

L’interruption : une personne coupe la parole à une autre.

Le refus de répondre : le personnage change le thème de la conversation

L’enchaînement par les mots : le second personnage reprend les mots ou des expressions employées par le premier

L’enchaînement des idées : le second personnage reprend le thème abordé par le premier et le développe.

— Il y a une fuite d’eau dans ma classe, au troisième étage, annonça le professeur de chimie au directeur du collège.

Si le directeur ne sait pas où se trouve la classe de son professeur de chimie, il faut qu’il change de métier ! Vous pouvez mettre :

— Il y a une fuite d’eau dans ma classe, annonça le professeur de chimie au directeur.

— Encore une fuite au troisième étage ! s’agaça le directeur.

Ou mieux :

— Il y a une fuite d’eau dans ma classe, annonça le professeur de chimie au directeur.
Le directeur soupira. C’était la seconde fuite repérée au troisième étage. Il fallait qu’il fasse au plus vite vérifier l’étanchéité du toit.

Et le ton de la voix ?

Le ton

D’une voix froide, d’une vois agacée, d’une voix tonnante, d’une voix posée

Le mouvement

En souriant, en se levant, en marchant de long en large, réprimant un mouvement d’humeur, en hochant la tête

L’intensité vocale et le débit

Murmurer, crier, glapir, clamer, bégayer, les mots se bousculant dans sa bouche, choisissant ses mots avec soin, avec hésitation

Les perles de Michel Audiard

Le sentiment

S’étonner, s’inquiéter, se réjouir, exulter

Le rapport de force

Domination : asséner, triompher, reprocher

Position de faiblesse : reconnaître, s’excuser, se soumettre, admettre

En résumé, un dialogue qui n’a AUCUNE fonction dans l’intrigue ou la caractérisation n’a pas raison d’être. Il doit être supprimé, sans regret.

Les répliques sont souvent courtes et percutantes. Le lecteur se moque des salutations et des banalités échangées. Chaque personnage possède son propre langage : accent, vocabulaire, rythme, ton…

Les informations passent toujours par une autre voie que le dialogue, lorsque c’est possible.

A VOUS DE JOUER ! Essayez de lire à voix haute ces divers dialogues :

Dans le vieux parc solitaire et glacé

Deux formes ont tout à l’heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles

Et l’on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé

Deux spectres ont évoqué le passé.

— Te souvient-il de notre extase ancienne ?

— Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?

— Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?

Toujours vois-tu mon âme en rêve ? — Non.

— Ah ! les beaux jours de bonheur indicible

Où nous joignions nos bouches ! — C’est possible.

— Qu’il était bleu le ciel et grand l’espoir !

— L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoinesfolles.

Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Colloque sentimental de Paul Verlaine in Fêtes galantes. (1867)

 

 

HARPAGON. Hors d’ici tout à l’heureet qu’on ne réplique pas ! Allons que l’on détale de chez moi, maître juré filou, vrai gibier de potence !

LA FLÈCHE, à part. Je n’ai jamais rien vu d’aussi méchant que ce maudit vieillard, et je pense, sauf correction, qu’il a le diable au corps.

HARPAGON. Tu murmures entre tes dents ?

LA FLÈCHE. Pourquoi me chassez-vous ?

HARPAGON. C’est bien à toi, pendard, à me demander des raisons ! Sors vite, que je ne t’assomme.

LA FLÈCHE. Qu’est-ce que je vous ai fait ?

HARPAGON. Tu m’as fait que je veux que tu sortes.

LA FLÈCHE. Mon maître, votre fils, m’a donné ordre de l’attendre.

HARPAGON. Va-t’en l’attendre dans la rue, et ne sois point dans ma maison, planté tout droit comme un piquet, à observer ce qui se passe et faire ton profit de tout. Je ne veux point avoir sans cesse devant moi un espion de mes affaires, un traître dont les yeux maudits assiègent toutes mes actions, dévorent ce que je possède, et furètent de tous côtés pour voir s’il n’y a rien à voler.

LA FLÈCHE. Comment diantre voulez-vous qu’on fasse pour vous voler ? Êtes-vous un homme volable, quand vous renfermez toutes choses et faites sentinelle jour et nuit ?

HARPAGON. Je veux renfermer ce que bon me semble et faire sentinelle comme il me plaît. Ne voilà pas de mes mouchards qui prennent garde à ce qu’on fait ? (A part.) Je tremble qu’il n’ait soupçonné quelque chose de mon argent. (Haut) Ne serais-tu point homme à aller faire courir le bruit que j’ai chez moi de l’argent caché ?

LA FLÈCHE. Vous avez de l’argent caché ?

HARPAGON. Non, coquin, je ne dis pas cela. (A part.) J’enrage ! (Haut.) Je demande si malicieusement tu n’irais point faire courir le bruit que j’en ai.

LA FLÈCHE. Hé que nous importe que vous en ayez ou que vous n’en ayez pas, si c’est pour nous la même chose ?

HARPAGON. Tu fais le raisonneur ! Je te bailleraide ce raisonnement-ci par les oreilles. (Il lève la main pour lui donner un soufflet.) Sors d’ici, encore une fois.

L’Avare de Molière Acte I scène 3 (extrait de la scène 3).

 

 

Agent secret de Richelieu, Milady est la femme d’Athos. Elle est responsable de la condamnation et de la pendaison du frère du bourreau de Lille. Elle a empoisonné le frère de Lord de Winter, qu’elle avait épousé, ainsi que Constance Bonacieux, amie d’Artagnan. Elle vient de faire assassiner le duc de Buckingham, premier ministre d’Angleterre.

« Arrivés au bord de l’eau, le bourreau s’approcha de Milady et lui lia les pieds et les mains. Alors elle rompit le silence pour s’écrier :

— Vous êtes des lâches, vous êtes des misérables assassins, vous vous mettez à dix pour égorger une femme ; prenez garde, si je ne suis point secourue, je serai vengée

— Vous n’êtes pas une femme, dit froidement Athos vous n’appartenez pas à l’espèce humaine, vous êtes un démon échappé de l’enfer et que nous allons y faire rentrer.

— Ah ! Messieurs les hommes vertueux ! dit Milady faites attention que celui qui touchera un cheveu de ma tête est à son tour un assassin.

— Le bourreau peut tuer, sans être pour cela un assassin, Madame, dit l’homme au manteau rouge en frappant sur sa large épée ; c’est le dernier juge voilà tout : Nachrichter, comme disent nos voisins les Allemands.

Et, comme il la liait en disant ces paroles, Milady poussa deux ou trois cris sauvages, qui firent un effet sombre et étrange en s’envolant dans la nuit et en se perdant dans les profondeurs du bois

— Mais si je suis coupable, si j’ai commis les crimes dont vous m’accusez, hurlait Milady, conduisez-moi devant un tribunal ; vous n’êtes pas des juges, vous, pour me condamner.

— Je vous avais proposé Tyburn2, dit lord de Winter pourquoi n’avez-vous pas voulu ?

— Parce que je ne veux pas mourir ! s’écria Milady en se débattant, parce que je suis trop jeune pour mourir !

— La femme que vous avez empoisonnée à Béthune était plus jeune encore que vous, Madame, et cependant elle est morte, dit d’Artagnan.

— J’entrerai dans un cloître, je me ferai religieuse, dit Milady.

— Vous étiez dans un cloître, dit le bourreau, et vous en êtes sortie pour perdre mon frère.

Milady poussa un cri d’effroi, et tomba sur ses genoux.

Le bourreau la souleva sous les bras, et voulut l’emporter vers le bateau.

— Oh ! mon Dieu ! s’écria-t-elle, mon Dieu ! allez-vous donc me noyer !

Ces cris avaient quelque chose de si déchirant, que d’Artagnan, qui d’abord était le plus acharné à la poursuite de Milady, se laissa aller sur une souche, et pencha la tête, se bouchant les oreilles avec les paumes de ses mains ; et cependant, malgré cela, il l’entendait encore menacer et crier.

D’Artagnan était le plus jeune de tous ces hommes, le cœur lui manqua.

— Oh ! je ne puis voir cet affreux spectacle ! Je ne puis consentir à ce que cette femme meure ainsi !

Milady avait entendu ces quelques mots, et elle s’était reprise à une lueur d’espérance.

— D’Artagnan ! d’Artagnan ! cria-t-elle, souviens-toi que je t’ai aimé !

Le jeune homme se leva et fit un pas vers elle.

Mais Athos, brusquement, tira son épée, se mit sur son chemin.

— Si vous faites un pas de plus, d’Artagnan, dit-il, nous croiserons le fer ensemble.

D’Artagnan tomba à genoux et pria.

— Allons, continua Athos, bourreau, fais ton devoir. »

Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires, Gallimard, 1978

Josette : Eh, M’sieur Pierre ? Y a un monsieur très malpoli qu’a téléphoné, il voulait enculer Thérèse !

Pierre Mortez : Oui mais c’est un ami

Josette : Ah ben ça va alors !

Le Père Noël est une ordure.

 

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