Vous trouvez ici des pistes, des trucs et des jeux pour apprendre à utiliser votre voix, pour apprendre à lire à voix haute !
Victor HUGO, les Djinns
Lire à voix haute, ce n’est pas se contenter de lire ; c’est communiquer aux autres, oralement, la lecture qu’on a faite auparavant.
Nous partagerons des extraits à lire avec vous pour une raison personnelle et/ou universelle :
- Pour son originalité
- Pour l’émotion qu’il suscite
- Pour sa musicalité
- Pour sa beauté
- Pour son niveau de langage
Pas pour l’auteur, pas forcément pour l’histoire !
Lire dans sa tête…
Habitué qu’on est de lire cette langue, comme tous les Français (…), on pose les yeux dessus, on en perçoit l’étrangeté, on s’aperçoit qu’on comprend, qu’on lit, peut-être un peu plus lentement que d’habitude mais on arrive au bout. Le procédé d’écriture est celui qui est utilisé dans ce petit texte qui revient régulièrement dans les boîtes courriel :
Sleon une édtue de l’Uvinertisé de Cmabrigde, l’odrre des ltteers dans les mtos
n’a pas d’ipmrotncae, la suele coshe ipmrotnate est que la pmeirère et la drenèire
soit à la bnnoe pclae. Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puoevz
tujoruos lrie snas porlbème. C’est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe
ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot.
Les conseils de Guillaume GALLIENNE pour lire à voix haute que vous pouvez retrouver ici : https://www.youtube.com/watch?v=vnjP6iriVWM
« Il faut bien respirer, c’est la base
Si on se trompe, si on bafouille, ce n’est pas grave, il faut reprendre,
Il ne faut pas penser à comment cela doit être lu, sinon cela donne un ton scolaire
Il ne faut pas trop préparer
Il faut plonger dans le texte sincèrement, personnellement, intimement,
Il ne faut pas essayer de faire bien
Il faut laisser résonner le texte en acceptant les accidents de parcours
C’est le style qui vous dit comment respirer
Il faut lever les yeux du livre de temps en temps
Il ne faut pas faire d’effet
Il faut faire confiance au texte
Il faut lire quelque chose qui plaît,
Il faut lire à haute voix quelque chose qu’on aime. »
Guillaume Gallienne, comédien, Comédie Française
Tout au long de l’année, vous découvrirez ici un programme de lecture à voix haute riche en découvertes et en originalité. Laissez-vous porter !
Pour commencer, découvrez la voix de Totor ! Et voyez comme c’est contemporain comme phrasé : on dirait du rap.
Victor Hugo, Les Orientales, « Les Djinns »,1858.
Texte très contemporain, à vous de juger !
Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C’est l’haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu’une flamme
Toujours suit.
La voix plus haute
Semble un grelot.
D’un nain qui saute
C’est le galop.
Il fuit, s’élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d’un flot.
La rumeur approche,
L’écho la redit.
C’est comme la cloche
D’un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s’écroule
Et tantôt grandit.
Dieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!…
– Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l’escalier profond!
Déjà s’éteint ma lampe,
Et l’ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu’au plafond.
C’est l’essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l’espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près!
– Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors!
Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu’une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.
Cris de l’enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L’horrible essaim, poussé par l’aquilon,
Sans doute, o ciel! s’abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l’on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu’il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!
Victor Hugo