Faire bouger les lignes…
Nous sommes entourés de lignes ! Nous en dessinons, en construisons, vivons sans cesse dans les lignes.
Un universitaire anglais, Tim Ingold, a écrit un essai sur le thème des lignes, d’un point de vue anthropologique, architectural, littéraire entre autres. Une « étude des hommes et des choses est une étude des lignes dont ils sont faits ».
Lire ou faire lire son introduction page 15 et 16. Cela donne le contexte de sa recherche.
« Qu’y a-t-il de commun entre marcher, tisser, observer, chanter, raconter une histoire, dessiner et écrire ? La réponse est que toutes ces actions suivent différents types de lignes. Avec ce livre, je me propose de poser les fondements de ce qu’on pourrait appeler une anthropologie comparée de la ligne. Autant que je sache, rien de tel n’a été entrepris jusqu’à présent. De fait, lorsque j’ai fait part de mon idée à des amis et collègues, leur première réaction a souvent été celle d’une franche incrédulité. M’avaient-ils mal entendu : leur parlais-je bien de « lignes » ? Oui, c’est bien ça, de lignes, affirmais-je. Leur étonnement pouvait se comprendre. La ligne ne fait pas vraiment partie des sujets auxquels on prête une grande attention. Il existe des travaux d’anthropologie sur l’art visuel, la musique et la danse, la parole et l’écriture, l’artisanat et la culture matérielle, mais aucun ne traite de la production et de la signification des lignes. Il suffit pourtant d’y réfléchir ne serait-ce qu’un instant pour s’apercevoir que les lignes sont partout. Où qu’ils aillent et quoi qu’ils fassent, les hommes font des lignes, en marchant, en parlant ou en faisant des gestes. Non seulement les lignes sont omniprésentes autant que l’utilisation de la voix des mains et des pieds – à travers respectivement la parole, les gestes et le déplacement, – mais tous ces aspects de l’activité quotidienne de l’homme sont englobés dans la fabrication de lignes qui, de ce fait, les regroupent dans un champ d’études unique. C’est ce champ que je me propose ici de définir. »
Tim Ingold, Une brève histoire de lignes, pages 15 et 16 de l’introduction.
1/Tracer des lignes.
Nous allons jouer et faire une expérience. Choisissez trois couleurs.
Je vous invite à réaliser :
1-Cinq tracés de lignes droites, les yeux fermés.
2-Même chose les yeux ouverts avec une autre couleur.
3-Puis la même chose avec une troisième couleur en suivant une règle cette fois.
Que remarquez-vous ? Il est admis qu’en dessin, il est impossible de tracer une ligne parfaitement droite. Alors autant se servir d’une règle.
2/Inventaire des lignes droites
Lire page 21 : « Tout en cherchant les sources historiques de la ligne droite, je me mis à rechercher autour de moi, dans mon environnement quotidien, des exemples de formes et d’objets droits. Et je me suis aperçu qu’il y en avait à des endroits évidents, mais auquel je ne prêtais pas attention : sur les cahiers, les murs de briques, les trottoirs […] »
Dressez un inventaire des lignes que vous voyez autour de vous. Droites, parallèles, se coupant. Continues, discontinues…
Autour de moi il y a…la ligne du meuble noir, les quatre du dessus et celle qui constitue l’arête…
3/Liste des lignes à ne pas franchir
On nous donne des interdits, des lignes à ne pas franchir. Et si nous faisions le contraire ? Quelles sont les lignes, au sens propre comme au figuré, réelles ou imaginaires, concrètes ou abstraites, qu’il ne faut pas hésiter à franchir, en utilisant le vocabulaire amoureux et/ou du corps ?
Franchir les lignes de ta main, nos mots d’hier, la courbe de ton cou…
4/Marcher, écrire ou tisser participent selon lui d’une « fabrique de lignes. »
Montrer le cœur brodé de rubans qui forment un trompe l’œil. Il est fait de lignes droites entrelacées. La trame et la chaîne qui se croisent et forme un tissage.
Jouez au tisserand : dessus, dessous… en respectant un rythme binaire.
Dessus, les mots et les phrases, dessous, les sons et les sourires,
Dessus, la nature et les arbres, dessous, les grottes et les gouffres,
5/La ligne de désir.
Pour venir à l’atelier d’écriture, à l’entrée du chemin, il y a le chemin « officiel » et sur le côté droit, la « ligne de désir ». Laquelle avez-vous empruntée ?
Une ligne de désir, appelée aussi chemin de désir par les géographes, urbanistes et architectes, est un sentier tracé graduellement par érosion à la suite du passage répété de piétons, cyclistes ou animaux. La présence de lignes de désir (à travers les parcs ou terrains vagues) signale un aménagement urbain inapproprié des passages existants.
Le sentier créé représente souvent le cheminement le plus court ou le plus commode entre deux points. La largeur et l’ampleur de l’érosion sont des indicateurs de la nature du trafic que le sentier reçoit. Les lignes de désir sont des raccourcis là où les chemins officiels prennent un tracé indirect, sont discontinus ou sont inexistants. (Source : Wikipédia)
Je te propose un logorallye : utilise cette phrase en début ou en fin de texte : « J’ai finalement décidé de suivre la ligne de désir ». Voici les mots imposés : ligne, bouquet, café, monter, espoir, charme, destin.
Bibliographie
- Tim Ingold, Brève histoire des lignes, Points, 2011,
- Andy Mansfield, histoire de lignes, Seuil jeunesse
- Gulsah Yemen et Cagri Odabasi, Que peux-tu faire avec une ligne ? 2020 Album, Jeunesse
- Bérengère Cournut, Elise sur les chemins, Tripode, 2021
- Sylvain Tersson, Sur les chemins noirs, Gallimard ou poche, 2016
- Dessin animé la linea, 1971
- La Linea est une série télévisée d’animation italienne créée par le dessinateur Osvaldo Cavandoli et diffusée à partir de 1971 sur la Rai. En France, la série est diffusée à partir du 8 janvier 1975 sur TF1 dans Les Visiteurs du mercredi et L’Île aux enfants, dans les années 1990
