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Voici un atelier d’écriture sur la notion de SERENDIPITE.

(Photo d’illustration : dessin par Lewis Trondheim, à qui je n’ai pas demandé l’autorisation. Ne pas hésiter à me contacter le cas échéant).

La sérendipité c’est le hasard heureux, fruit de la sagacité, le flair, la souplesse d’esprit, la débrouillardise, l’attention vigilante, le sens de l’opportunité.

Une phrase entendue dans la rue est sérendipiteuse.

La tarte Tatin a été inventée par une cuisinière qui avait mis au four une tarte aux pommes mais qui avait oublié de mettre le fond de tarte. Lorsqu’elle s’en aperçoit, elle a débrouillardise de poser la pâte par-dessus l’ensemble et de laisser cuire. Il a suffi par sens de l’opportunité de retourner la tarte.

Autre exemple, monsieur Gutemberg. Il a les petites lettres, posées les unes à côté des autres, pendant des milliers d’heures pour écrire des phrase et un livre entier, la bible. Mais il bloque sur l’impression. Il n’a pas de solution.

Il part chez un ami et participe à des vendanges. Il regarde la presse à raisins et là, sa souplesse d’esprit et son attention vigilante lui donnent la solution : la presse pour impression !

Dans La Peau de l’ombre, Joël Gayraud consacre un chapitre au mot serendipity, envisagé du point de vue du poète et du philologue :

« Quelle n’a pas été […] ma surprise de découvrir qu’il n’existe pas de terme français correspondant à serendipity et qu’il convient de le rendre selon le contexte par au moins deux périphrases : « découverte heureuse ou inattendue » ; « don de faire des trouvailles ». Ce mot désigne donc aussi bien l’objet trouvé si cher aux surréalistes, que la faculté, par eux développée au plus haut point, de découvrir ces objets. Et la révélation de cette double signification sonna en moi comme une trouvaille qui en redoubla le charme phonétique et, déjouant mes craintes, échoua à l’effacer. »

Le mot hasard est emprunté à l’arabe az-zahr qui signifie dé à jouer.

Alors c’est parti à la découverte de ce nouveau mot !

1/Cadavre exquis

Voici la définition qu’en donne le Dictionnaire abrégé du surréalisme : « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. »

Il fut inventé dans la maison du 45 rue du Château où habitaient Marcel Duhamel, Jacques Prévert et Yves Tanguy. Il n’était au départ qu’une activité ludique, selon André Breton : « Bien que, par mesure de défense, parfois, cette activité ait été dite, par nous, « expérimentale », nous y cherchions avant tout le divertissement. Ce que nous avons pu y découvrir d’enrichissant sous le rapport de la connaissance n’est venu qu’ensuite. » (Médium n° 2, 1954)

L’ordre syntaxique : nom-adjectif-verbe-COD-adjectif doit être respecté pour que la phrase soit grammaticalement correcte. L’exemple devenu classique, qui a donné son nom au jeu, tient dans la première phrase obtenue de cette manière : « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau ».

C’est parti par groupe de cinq.

Exemple de trouvaille sérendipiteuse : Le Carton – paisible – mange – le paquebot – lent

2/ Et si

Voici un poème d’illustration.

Et Si…

Si la sardine avait des ailes,

Si Gaston s’appelait Gisèle,

Si l’on pleurait lorsqu’on rit,

Si le pape habitait Paris,

Si l’on mourait avant de naître,

Si la porte était la fenêtre

Si l’agneau dévorait le loup,

Si les Normands parlaient zoulou,

Si la Mer Noire était la Manche,

Et la Mer Rouge la Mer Blanche,

Si le monde était à l’envers,

[…]

Jean-Luc Moreau, L’arbre perché, les éditions de l’Atelier

Vous allez inventer des Et si… nombreux et variés.

Puis je vous donnerai un choix de trois chutes possible : Je ne t’aurais pas rencontré(e).

3/ Comme par hasard

Lorsqu’on a appris à écrire une nouvelle, on a découvert que l’élément perturbateur, modificateur était le tremplin pour la suite de l’histoire.

Dans ce jeu, on va jouer avec le hasard et on va construire son texte avec uniquement des éléments perturbateurs ! De hasards en hasards, l’histoire va avancer de manière amusante. Pour que cela fonctionne, il faut des phrases courtes et pas d’explication. Ces phrases commencent toutes par comme par hasard. On peut utiliser le temps présent.

Par exemple :

Comme par hasard, je marche sur l’avenue Emile Combe. Comme par hasard, j’écrase une merde de chien. Comme par hasard en voulant nettoyer ma grolle, je m’adosse à un mur fraîchement repeint. Comme par hasard un cycliste me frôle en roulant sur le trottoir. Comme par hasard c’est le frère de ma belle-sœur. Comme par hasard il porte un chien mort autour du cou. Comme par hasard

4/Le hasard heureux.

Voici un scénario à continuer.

Un(e) nouveau/elle voisin(e) a emménagé dans la maison en face de chez moi. Je ne l’ai pas encore vu(e) mais il/elle m’a laissé un petit mot dans la boîte aux lettres : « Je passerai te dire bonjours demain soir ».

Ce soir-là, lorsque j’ai ouvert la porte, je ne m’attendais vraiment pas lui/elle ! A vous de continuer !

5/Par hasard et pas rasé

Ecoutons la chanson interprétée par son auteur, Serge Gainsbourg.

Par hasard et pas rasé

Par hasard et pas rasé

J’rapplique chez elle et sur qui j’tombe comme par hasard ?

Un para

Le genre de mec qui les tombe toutes

Ça m’en fiche, un coup

Je suis comme un fou, je m’en vais

Au hasard

En rasant

Les murs du cimetière

Je saute de tombe en tombe au hasard

Des allées

Ça m’a fait l’effet d’une bombe

Toutes … les mêmes après tout

Cette fille, je m’en fous, ouais

Serge Gainsbourg

Et vous, que faites-vous par hasard et pas rasé(e) ? Amusez-vous à enchaîner des rimes en « é ».

Par hasard et pas rasé(e)

Je me promène dans mon quartier

6/ Le Schtroumpf grognon

Vous êtes le Schtroumpf grognon et vous commencez par : « moi j’aime pas les hasards heureux… »

Bibliographie

 

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