Atelier d’écriture : Dans la peau d’Eve Babitz.
Eve Babitz (1943-2021) est indéfinissable ! Elle est « une groupie érudite et une égérie de la scène californienne des années 60-70. Elle correspondrait en France à Nico ou encore Dany, ou Amanda Lear. Son parrain est le musicien Stravinsky. Elle a eu entre autres une histoire d’amour avec Jim Morrison. Harrison ford. C’est elle qui a présenté Salvador Dali à Franck Zappa par exemple. Liberté, décadence et punk attitude !
« En fait, dit Babitz, il ne m’est jamais venu à l’esprit qu’en tant que femme, je ne pouvais pas être intelligente, sexuelle, attirante, sérieuse et plus encore en même temps. »
A 20 ans elle accepte de poser nue lors d’une partie d’échecs avec Marcel Duchamp, pour punir son petit ami Julian car il ne l’avait pas invitée à une soirée. Sa femme était en ville.
Il est sept heures du matin, au musée d’arts de Pasadena. « Non seulement c’était de la vengeance mais c’était de l’art. » Elle confie qu’elle avait commencé « à prendre la pilule, elle avait pris du poids et trouvait ses seins gonflés et douloureux ». Elle est nue sous une blouse de peintre. Elle attend jusqu’à 22h30 ! Elle raconte : « Je voulais mes cigarettes. Je voulais mes lunettes. Je voulais m’habiller ; je voulais que Julian m’emmène dans un restaurant chinois. »
En sortant elle espère que la photo restera confidentielle. Elle fera le tour du monde et sera placardée en très grand format !
Elle a écrit plusieurs fois ses mémoires et raconte la vie trépidante, sea, sex and drugs de l’Amérique.
Ce qui aurait pu être considéré comme le journal intime d’une mondaine est reconnu pour ses commentaires poignants sur les dessous du glamour de la vieille école de Los Angeles – et pour la prose décadente qui rend ses histoires impossibles à lâcher.
Voir dans la rubrique Facile à lire, l’article sur Eve Babitz.
On va se promener tranquillement dans son œuvre à partir de citations issues de ses mémoires. Et à chaque fois, la référence d’un film culte, accompagnera notre écriture.
1/T’emmener où ?
Film à voir : Once upon a time in Hollywood, Quentin Tarentino, 2019
« Ce que je veux faire, un samedi, c’est nous voir envelopper tous nos soucis dans un rêve et monter en voiture (tu conduis), et t’emmener passer un de mes formidables week ends dans les espaces sauvages de Kern Country. » (citation tirée du livre SlowDays,FastCompany)
Avec votre amoureux/euse, je dis ce que je veux faire,
Ce que je veux faire un lundi, c’est…
Un mardi, mercredi, etc.
Variante :
Je veux t’emmener au musée du jouet de Josselin
Je veux t’emmener loin de Rennes
Je veux t’emmener…
2/Quand on veut, on peut…
Film : Pretty Woman, Gary Marshall, 1990
Voir l’extrait :
« Dans un coin de mon esprit, je me disais : quand je veux, je peux renoncer à ce dîner et plonger dans la vraie vie ».
Quand je veux, je peux… continuez cette accroche :
Quand je veux, je peux ranger ma chambre, je peux sortir de mes gonds et y revenir,
Je peux supporter ton désordre et ta mauvaises humeur…
3/A la tombée de la nuit…
Films : Pulp fiction, Quentin Tarentino, 1994
Sailor et Lula, David Lynch, 1990
« A la tombée de la nuit, on ira dans un restaurant basque, se goinfrer, et on ira danser au Blackboard. Et le matin, on prendra un brunch au Bakersfield Inn, où des tonnes de biscuits et de sauce et de poulet et d’œufs brouillés et de bacon et de tout, en fait, y compris du champagne, ne coûtent que cinq dollars. On s’amusera bien. »
A la tombée de la nuit, on + le futur
4/La partie d’échecs avec Marcel Duchamp.
« […] Duchamp a fait tant de belles choses. Mais pas de celles dont on décore les murs. Sa grande contribution à l’art se trouve ailleurs. Par quoi il entendait qu’u XIXème siècle tout ce qu’un urinoir pouvait dire – à supposer qu’il puisse dire quoi que ce soit – c’était : « Je suis un urinoir”. Mais, après Marcel [Duchamp] l’urinoir pouvait aussi déclarer : « J’ai l’air d’un urinoir, mais Marcel dit que je suis une oeuvre d’art. » (Pages 7 et 8)
Marcel Duchamp est un peintre et écrivain qui appartient au surréalisme. Il est l’inventeur du « ready made » (on monte au rang d’œuvre d’art un objet banal). Marcel Duchamp, en 1917, a exposé Fountain, un urinoir placé à l’envers et a décidé que c’était une œuvre d’art.
Plus près de nous, Maurizio Cattelan, artiste contemporain, a vendu 6 millions d’euros une banane scotchée à un mur.
Marcel Duchamp a peint Femme nue descendant l’escalier en 1913, exposée à New York en 1915.
En 1963, le photographe Julian Wasser entreprend d’en faire un hommage en faisant poser nue Eve Babitz face à Marcel Duchamp lors d’une partie d’échecs.
Le livre En tenue d’Eve raconte cette histoire.
Et à partir de cette photographie en noir et blanc, commencez par :
C’est moi, Eve, sur la photo, ce que je suis en train de penser ? Je vais vous le dire…
Petit BONUS :
L’Amérique vue par Alain Souchon, La balade de Jim

