Les carnets d’El-Razi, traduits de l’arabe (Tunisie) par Lotfi Nia, sont publiés aux éditions Philippe Rey, 2023 (222 pages), collection Khamsa, qui publie des fictions arabophones contemporaines du Maghreb.
Le psychologue de l’hôpital psychiatrique El-Razi est perché ! Il bosse beaucoup et a un monde intérieur particulier. Ses patients, il les renomme de noms d’auteurs : Dostoïevski, Mohamed Ali, Cioran… Chaque malade a sa particularité et nécessite soins et surveillance. Le début est assez classique : on entre dans un univers particulier, la psychiatrie, dans un pays où certaines maltraitances institutionnelles sévissent encore. Le praticien écrit ses notes, les chapitres sont plus ou moins longs, parfois une seule phrase. Et soudain, la bascule : le psychologue entre dans une autre dimension, il se met à flipper ! Il a des hallucinations, Lazer le lézard entre dans sa vie. Sa sexualité se débride sur le lieu même de son travail, son bureau devenant le théâtre de nombreux entretiens étranges. Et lorsque réapparaît Frantz Fanon, réel ou son fantôme, on entre dans une autre dimension. C’est drôle, grinçant, sévère avec le système psychiatrique et social tunisien. Il faut se laisser porter par le délire de l’auteur, Aymen Daboussi, lui-même psychologue dans le vie. La boucle est bouclée ? Pas si sûr !