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Nicolas Demorand, Intérieur nuit, édition Les Arènes, 2025

Nicolas Demorand est journaliste (ancien directeur de Libé), il co-anime la matinale sur France Inter avec Léa Salamé, son amie depuis 2017.

Le livre commence par : « Je suis malade mental… »

Comme un trop grand nombre de personnes, l’auteur a connu ce que l’on appelle l’errance médicale (cela veut tout dire !), errance à la fois de médecin en médecin, mais aussi de traitement en traitement. Un autre auteur, Emmanuel Carrère dans Yoga témoigne de cette errance. C’est à l’âge de 60 ans qu’il est diagnostiqué bipolaire. Il a souffert toute sa vie !

Petite précision : aujourd’hui le traitement de Nicolas Demorand semble adapté (malgré les effets secondaires). Il ne souffre plus des grands écarts d’humeur. Sa vie est plus régulière mais couleur pastel (lui parle de blanc et de noir).

Pour autant, comme beaucoup d’autres malades ayant témoigné de leur maladie, il décrit les moments extrêmes qu’il a traversés avant d’être diagnostiqué.

Au bout de vingt ans, (la moyenne nationale est 10 ans), Nicolas Demorand est enfin diagnostiqué, bipolaire de type 2. Des phases hautes où tout est possible, grave, aux addictions multiples, suivies de phases basses où le « coup de mou » des gens normaux se traduit par une dépression profonde, une apathie, aboulie et crise existentielle tellement intenses et insupportables que le seul moyen de l’arrêter est le suicide : ne pas vouloir mourir mais vouloir que la souffrance extrême s’arrête enfin. Dans ces moments-là, le cerveau vrille totalment et la maladoe prend le dessus.

La bipolarité est dans le top 10 des maladies les plus graves. On meurt davantage de la bipolarité (conduites à risques, addictions, suicides) que du cancer du sein. Cela fait réfléchir, non ?

Dire ou ne pas dire ? Je pense que Nicolas Demorand a pu le dire parce qu’il est installé dans son métier, qu’il est sûr qu’il ne va pas être viré ou avoir des difficultés à trouver du travail.

Sa franchise est pudique lorsqu’il parle de la conséquence de la maladie sur les proches, usés par les sautes d’humeur, les hospitalisations et la peur qui ne les lâche plus de cette ombre du suicide.

Les réactions des lecteurs ont été incroyables ! Beaucoup ont pu enfin prendre la parole, se révéler dans la normalité, (où est donc la frontière entre le normal et le pathologique ? Est-ce une vision sociétale ?), se sentir compris.

C’est un livre courageux, que la notoriété de son auteur porte au plus loin. C’est une bonne chose.

La Santé Mentale est cause nationale 2025. Nous arrivons au mois de juin, les lits en hôpital psychiatrique ont-ils été réouverts ? Les médecins ont-ils choisi la psychiatrie ? Les centres d’accueil (CMP) et de suivi et de soutien sont-ils en nombre suffisant ? Y a-t-il suffisamment de soignants formés ?…

Des traitements existent, adaptés à chaque cas, à la fois médicamenteux (lithium, quétiapine, lamictal et autres…) et non invasifs comme la rTMS (stimulation magnétique intra crânienne, un traitement indolore qui fonctionne bien sur le versant dépression profonde.)

En complément des médicaments, et sans les substituer, les thérapies fonctionnent : psychothérapie, thérapie cognitive et comportementale, EMDR, orthophonie, etc.

Être malade mental, avec tout ce suivi régulier, c’est un boulot à plein temps !

Sites pédagogiques autant pour le malade que pour son entourage :

troubles-bipolaires.com – le site traitant des différentes formes de troubles bipolaires

Bipolarité France – Le patient acteur de sa pathologie

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