Skip to main content


Le sonnet et sa structure (selon Ronsard)

Le Sonnet est une forme fixe constituée de deux quatrains (quatre) et de deux tercets (ter = trois). Les vers sont souvent des alexandrins.

Rappel :
Il existe plusieurs types de rimes :
-les rimes plates ou suivies (AABB)
-les rimes embrassées (ABBA)
-les rimes croisées (ABAB).

On appelle « sonnet italien » ou encore pétrarquien un sonnet dont les rimes suivent le schéma suivant : ABBA ABBA CCD EED

La chute dans le sonnet
Dans le sonnet, le dernier vers est très important, soit parce qu’il contraste avec le reste du poème, soit parce qu’il lui donne un sens nouveau. Ainsi, dans « Le Dormeur du val», le dernier vers permet :
-de comprendre que le soldat est mort et non pas endormi
-d’opposer la douceur de la nature à la violence de la guerre. Le dernier vers s’appelle la chute.

Rimbaud, « Rêve pour l’hiver »

L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l’œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…

Et tu me diras: « Cherche! » en inclinant la tête,
Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
Qui voyage beaucoup…

Arthur Rimbaud

 

 

Le sonnet élisabéthain ou shakespearien

Le sonnet en Angleterre date du XVIème siècle, c’est une imitation de Ronsard et du sonnet italien. Les anglais admirent la langue française et le poète et transposent la forme en langue anglaise.

Shakespeare, Spenser, Milton, sont les trois poètes les plus connus qui s’y collent. Chacun y apporte sa patte. On nomme alors le sonnet de Shakespeare le sonnet shakespearien, celui de Spencer, le sonnet spencerien et celui de Milton le miltonien. Ils sont fous ces Anglais !

Les Sonnets, est le titre d’un recueil de sonnets écrits par William Shakespeare qui abordent des thèmes tels que l’amour, le beau, la politique et la brièveté de la vie. Ils ont probablement été composés sur plusieurs années. (154 poèmes)

When, in disgrace with fortune and men’s eyes,
I all alone beweep my outcast state,
And trouble deaf heaven with my bootless cries
And look upon myself, and curse my fate,

Wishing me like to one more rich in hope,
Featured like him, like him with friends possess’d
Desiring this man’s art and that man’s scope,
With what I most enjoy contented least;

Yet in these thoughts myself almost despising,
Haply I think on thee, and then my state,
Like to the lark at break of day arising
From sullen earth, sings hymns at heaven’s gate;

For thy sweet love remember’d such wealth brings
That then I scorn to change my state with kings

Traduction d’Yves Bonnefoy
(Shakespeare, Les Sonnets, © Paris, Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 2007)

Que j’ai vu de glorieux matins ! Ils caressaient
Des yeux toutes les cimes, pressant leurs lèvres
Sur les prairies dont l’eau encore grise
Se veinait de cet or : alchimie céleste!
Mais bientôt des nuages, vile matière, nuit,
Envahissaient sa face lumineuse,
Et lui se dérobait à ce triste monde,
Il s’enfuyait vers l’ouest, avec sa honte.
Semblablement mon soleil a brillé
Tôt, un matin. Sa splendeur m’éblouit.
Hélas, il ne fut mien que pour une heure,
Les nues du firmament me l’ont dérobé.
Soit ! Peuvent bien noircir les soleils terrestres,
Si déjà s’enténèbre celui du ciel.
Traduction du même poème par Pierre Jean Jouve
(Shakespeare’s Sonnets, © Mercure de France, 1969,


Combien de fois ai-je vu le glorieux matin
flatter le haut de la montagne d’un œil
souverain, baisant de sa vermeille face les
vertes prairies, dorant les pâles eaux par
divine alchimie ;
Permettre ensuite aux vils nuages de
passer, en affreuse traînée sur sa céleste face,
et puis cacher son visage au monde
abandonné, glissant non vu avec sa honte vers
l’ouest ;
Ainsi mon soleil de bonne heure a brillé,
sur mon front, en toute triomphale splendeur,
mais loin hélas, lui qui ne fut à moi qu’une
heure, la région de nuage l’a maintenant
masqué.
Et pour cela pourtant amour ne le dédaigne : soleil du monde peuvent ternir si le soleil du
ciel ternit.


REGLE DU JEU POUR LE SONNET SHAKESPEARIEN

La forme shakespearienne est abab cdcd efef gg ou abba cddc effe gg. Cette dernière forme n’exige pas plus de deux mots rimant ensemble. Elle est donc d’une extrême simplicité, mais ne respecte pas la structure primitive.

A noter : à la différence du sonnet italien (12 sylllabes) le sonnet shakespearien est en décasyllabes (10 syllabes parce qu’il est directement copié sur la langue latine, en vers iambiques).

A part ces deux différences, il reprend les contraintes du sonnet italien (rimes, féminines, masculines, chute sur le distique)

« Traduire la poésie est une besogne ardue […]. Traduire Shakespeare, en général, est d’une difficulté supplémentaire, […]. Mais traduire les sonnets de Shakespeare ! Voilà qui touche à l’absurde.»
Pierre Jean Jouve

Shakespeare’s sonnets, version française de Pierre Jean Jouve, Mercure de France, 1969. p. 21.

A vous de jouer ! Vous suivrez la structure élisabéthaine imposée : ABAB CDCD EFEF GG

Vous écrirez vos vers en DECASYLLABES, comme le faisait Shakespeare,

Choisissez une légende, bretonne et traduisez-la en sonnet shakespearien. Vous pouvez l’illustrer comme Stellamaris, à l’encre noire façon parchemin…

attention l’exemple a pour valeur l’illustration, le poème n’est pas un sonnet.

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.