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Je vous invite à suivre les pas de Victor Segalen et de son recueil de poèmes intitulé Stèles

« La Chine est une religion du signe. » Philippe Claudel

Une stèle est une pierre dressée parfois ornée d’écriture ou de dessins. Elle n’est pas forcément un symbole funéraire. Elle peut aussi servir à marquer un chemin, un lieu ou encore servir à rappeler un événement historique :

« Elles sont des monuments restreints à une table de pierre, haut dressée, portant une inscription. Elles incrustent dans le ciel de Chine leurs fronts plats. On les heurte à l’improviste : au bord des routes, dans les cours des temples, devant les tombeaux. Marquant un fait, une volonté, une présence, elles forcent à l’arrêt debout, face à leurs faces. […]Le socle se réduit à un plateau ou à une pyramide trapue. Le plus souvent c’est une tortue géante, cou tendu, menton méchant, pattes arquées recueillies sous le poids. Et l’animal est emblématique : son geste ferme et son port élogieux. On admire sa longévité : allant sans hâte, il mène son existence par-delà mille années. » Victor Segalen Stèles page 21.

 

 

Qui est Victor SEGALEN ?

Victor Segalen, né le 14 janvier 1878 à Brest (29) et mort le 21 mai 1919 à Huelgoat (29), est un médecin, romancier, poète, ethnographe, sinologue et archéologue français.
Médecin de la marine, il part à Tahiti. Il y sauve quelques œuvres de Gauguin, mort peu de temps avant.

En 1907, il écrit un premier roman : Les Immémoriaux, sur les Maoris.
Il effectue trois séjours en Chine. Il y rencontre Paul Claudel, diplomate là-bas. « Dans ce moule chinois, j’ai placé simplement ce que j’avais à exprimer. » En 1912, il publie le recueil de poèmes Stèles.
Victor Segalen est mort dans des conditions mystérieuses, un livre à la main : Hamlet de Shakespeare, à l’âge de quarante-et-un ans, au sommet du gouffre où dans la mythologie, Dahut, la fille du roi Gradlon jetait les corps de ses amants de la nuit.

Une stèle, près du gouffre, est érigée à sa mémoire :
Victor Segalen 1878-1919 né à Brest
Médecin de la marine Poète – écrivain Décédé ici
le 21 mai 1919


A vous de jouer, A partir des exemples de poésies tirées de Stèles… !

« Qu’on me touche : toutes ces voix vivent
dans ma pierre musicale. »

Stèles, Page 79.

Stèle provisoire

Ce n’est point dans ta peau de pierre, insensible, que ceci aimerait à pénétrer ; ce n’est point vers l’aube fade, informe et crépusculaire, que ceci, laissé libre, voudrait s’orienter ;

Ce n’est pas pour un lecteur littéraire, même en faveur d’un calligraphe, que ceci a tant de plaisir à être dit
Mais pour elle. […] (Page 82)

Pour lui complaire

A lui complaire j’ai vécu ma vie. Touchant au bout extrême de mes forces, je cherche encore à imaginer quoi pour lui complaire :

Elle aime à déchirer la soie : je lui donnerai cent pieds de tissu sonore. Mais ce cri n’est pas assez neuf.

Elle aime à voir couler le vin et des gens qui s’enivrent : mais le vin n’est pas assez âcre et ces vapeurs ne l’étourdissent plus.

Pour lui complaire je tendrai mon âme usée : déchirée, elle crissera sous ses doigts.

Et je répandrai mon sang comme une boisson dans une outre :

Un sourire, alors, sur moi se penchera. (Page 74)

Mon amante a les vertus de l’eau

Mon amante a les vertus de l’eau : un sourire clair, des gestes coulants, une voix pure et chantant goutte à goutte.

Et quand parfois – malgré moi – du feu passe dans mon regard, elle sait comment on l’attise, en frémissant : eau jetée sur les charbons rouges.

Mon eau vive, la voici répandue, toute, sur la terre ! Elle glisse, elle me fuit ; – et j’ai soif, et je cours après elle.

De mes mains je fais une coupe. De mes deux mains je l’étanche avec ivresse, je l’étreins, je la porte à mes lèvres :
Et j’avale une poignée de boue. (Page 77)

 

Pièce d’étude : la stèle : un genre littéraire nouveau ?

« La forme Stèles m’a paru susceptible de devenir un genre littéraire nouveau dont j’ai tenté de fixer quelques exemples. Je veux dire une pièce courte, cernée d’une sorte de cadre rectangulaire dans la pensée, et se présentant de front au lecteur.» Victor SEGALEN

Ecrivez trois poèmes qui répondent à cette définition. Tout en restant sous l’influence orientale, vous vous débarrasserez néanmoins des clichés sur la Chine tels que : « Le jade et le bambou, les lacs et les nuages, les jeux de l’eau et de la poussière. On trouve des moines vénérables et des princesses. » Stèles, (page 12)

Racontez une histoire en triptyque et illustrez-la de calligraphies chinoises, vraies ou inventées. Ces trois poèmes ou textes seront contraints de tenir dans un rectangle, cela limitera la taille et le caractère. Il faudra écrire peu et dire beaucoup ?

La mise en valeur de votre poème

Exemple de triptyque avec couverture reliée

Quelques feuillets rassemblés sous le titre « Livre » exposent sa profession de foi d’écrivain attaché à la fabrication d’un livre depuis les balbutiements de l’inspiration jusqu’au final, profession de foi résumée en quelques formules incisives : « Empoigner, rassembler, dompter, en un seul geste : Style, phrase, mots, lettres, blancs, papier, sceau, couverture. »

 

Idée Facile à plier :
Dans Stèles, « Segalen a voulu faire un livre « à la chinoise », c’est-à-dire une longue feuille d’un seul tenant qui développe en accordéon sous deux couvertures de bois précieux ou de soie. » Stèles page 11

Une lecture pour vous guider : Fabienne VERDIER

 

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